En janvier 1970, Christopher Pyle, un ancien capitaine des services de renseignement de l’armée, a écrit un article dans le magazine Washington Monthly critiquant l’armée pour avoir dépassé les limites appropriées dans la collecte d’informations sur les troubles civils. L’article de Pyle a suscité des demandes de renseignements au secrétaire de l’armée Stanley R. Resor de la part de plusieurs membres du Congrès, dont le sénateur Sam Ervin, le démocrate de Caroline du Nord qui présidait le sous-comité du Sénat sur les droits constitutionnels. C’est au chef d’état-major adjoint de l’armée pour le renseignement, le général Joseph McChristian, qu’est revenue la responsabilité de rassembler les informations nécessaires en interne pour que le secrétaire puisse répondre aux questions détaillées qui ont été soulevées. McChristian demande à son tour au chef de la direction du contre-espionnage de son OACSI, le colonel John Downie, de se charger de cette tâche. Comme le CIAD était sous sa responsabilité, j’ai commencé à travailler plus étroitement avec Downie que je ne l’avais fait jusqu’alors.
Mon espace de travail immédiat au sein de l’AOC a été réaménagé. Mon bureau était au même endroit, mais il avait tourné de 90 degrés. Cela m’a semblé être un reflet symbolique du changement de cap de l’armée dans la collecte de renseignements à cette époque. J’ai également reçu un nouveau titre élaboré dont je n’avais jamais soupçonné l’existence à l’époque : Chercheur en chef et analyste des allégations, service des allégations, bureau du chef d’état-major adjoint pour le renseignement, et groupe de travail spécial du ministère de l’Armée.
Ce que le sous-secrétaire d’État à l’armée McGiffert avait essayé et échoué à faire en 1969, est maintenant réalisé. Le secrétaire Resor a dit au général Westmoreland, le 6 mars 1970, de s’assurer qu’aucune banque de données informatisée sur les civils ne serait instituée dans l’armée sans l’approbation du secrétaire de l’armée et du chef d’état-major. Le nouveau sous-secrétaire de l’armée, Thaddeus R. Beal, a écrit au sénateur Ervin le 20 mars que les rapports ponctuels sur la violence créés par l’armée ne seraient conservés que pendant 60 jours. Des directives ultérieures ont carrément interdit l’utilisation d’ordinateurs pour stocker des informations interdites sur des civils.
Pyle a écrit un deuxième article avec des allégations supplémentaires dans un article du Washington Monthly de juillet 1970 sur la surveillance militaire.
juillet 1970 dans un article du Washington Monthly sur la surveillance militaire
J’ai alors repris mon travail de collecte d’informations. Puis, à la fin de l’année 1970, une toute nouvelle série d’allégations d’espionnage de civils par l’armée est apparue et a été largement médiatisée. John M. O’Brien, ancien sergent-chef du 113e groupe de renseignement militaire à Chicago, a déclaré au sénateur Ervin que des élus de premier plan avaient été espionnés par l’armée, notamment le sénateur Adlai Stevenson, III, le représentant Abner Mikva et l’ancien gouverneur de l’Illinois Otto Kerner.
Dans le sillage de toutes ces allégations, les premières audiences du Sénat sur la surveillance militaire ont eu lieu le 2 mars 1971. Fred Buzhardt, avocat général du ministère de la Défense, a dû penser que les audiences se sont bien déroulées pour l’armée, puisqu’il a envoyé une lettre au chef d’état-major de l’armée, le général Westmoreland, pour le complimenter sur les documents utilisés pour préparer les audiences. Westmoreland complimente à son tour le général Joseph McChristian, son chef d’état-major pour le renseignement. McChristian, qui avait également été le chef du renseignement de Westmoreland lorsque ce dernier commandait les forces au Vietnam auparavant, a remercié à son tour le chef de sa direction du contre-espionnage, le colonel Downie. Et le colonel Downie a continué à rouler en m’envoyant une lettre de félicitations pour compléter le tout.
Lorsque j’ai commencé à travailler avec lui au Pentagone, j’ai découvert le cœur et la mémoire institutionnelle de la direction du contre-espionnage de l’OACSI. Je ne me souviens pas de son nom de famille, mais Millie a été l’indispensable secrétaire du CD pendant plusieurs décennies.
Lorsque j’ai appris qu’elle était en poste, je lui ai demandé si elle avait déjà croisé un officier de contre-espionnage de Chicago, aujourd’hui retraité, que je connaissais, le colonel Minor K. Wilson. Elle le connaissait ! Elle a failli tomber de sa chaise que je lui connaissais aussi. Lorsqu’elle était une jeune secrétaire nouvellement arrivée à la Direction, le colonel Wilson terminait sa carrière militaire dans le même poste que le colonel Downie. Le monde est petit, en effet.
J’avais appris à bien connaître le colonel Downie pendant mon séjour au Pentagone et je l’admirais comme un officier honnête et direct qui avait consacré sa vie au service honorable de son pays.